Antichambre

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         La salle d'accueil qui jouxte le réfectoire est décorée de deux ou trois affiches sous une vitre de plastique incassable. Je crois me rappeler qu'il s'agit de reproductions de tableaux de l'école impressionniste.

Van Gogh ou Beacon n'auraient pas leur place sur nos murs.

Dans nos murs, assurément.

Ce sont de calmes scènes champêtres où coulent de lissent rivières pour canotiers du dimanche. Le soleil est jaune d'or, l'herbe verte comme l'herbe. Si j'étais assez près des cotonnades, je verrais à coup sûr de petites fleurs roses ou rouges sur les robes des femmes qui sourient aux plaisanteries pas encore trop grivoises des hommes en chapeau de paille et aux manches blanches retroussées, comme sourient toujours, avec une bienveillante complaisance, les femmes dans les tableaux, après le déjeuner.

Sur le côté de la salle, quelques fauteuils bas, mous, aux tubulures ternes devant une table lasse et aux angles meurtris. Sur la table, un journal local dont les pages sportives ont disparu.

Je les devine dans les décombres du fumoir, mais n'irai pas vérifier le bien fondé de mes supputations.

Quelques revues féminines attendent aussi de trouver un lecteur pour terminer leurs grilles de mots croisés : Sensation pesante de lassitude et d'inutilité en cinq lettres commençant par en avec un i final.

Il y a aussi l'odeur du tabac qui pique un peu la gorge ou se manifeste sous la forme d'une sorte de brume montant jusqu'au plafond à partir de la hauteur des poignées des portes.

Ici, nous sommes sur les surveillances croisées de l'office à la porte continuellement ouverte, ainsi que du bureau du cadre infirmier et de sa baie vitrée derrière laquelle un panonceau nous confirme  que nous sommes dans un espace non–fumeur.

Puisque c'est écrit …

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