Jeux de cons

Publié le par bienvenuechezlesfous

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         J'ai déjà assez expliqué le jeu de cache-cache auquel je m'étais livré avec mon trop bruyant voisin de lit. Un des épisodes de la même journée mérite pourtant encore quelques lignes.

Dans le courant de l'après-midi, je m'étais installé devant la télé pour regarder un documentaire très fouillé sur les auxiliaires de police blondes aux seins lourds et fermes sous le maillot moulant, qui arpentent sur leurs VTT high tech, les abords des plages de Californie. A moins que ce ne fut quelque chose sur la reproduction des koalas en milieu protégé. Là n'est pas l'important.

Mon voisin de lit vient s'asseoir à côté de moi.

- Elle est à toi la télé ?

No coment.

- Elle est à toi la télé ?

- Oui, bien sûr, elle est à moi.

- C'est vrai ça ? C'est toi qui l'as achetée ?

J'évite de le regarder. Je me concentre sur les koalas en vélo.

- C'est toi qui l'as achetée ? Tu l'as payée avec tes sous, c'est ça ?

- Oui, c'est ça. Elle est à moi. Je l'ai payée avec mes sous ! ça va ?

- Je peux changer de chaîne ?

Il s'est déjà emparé de la télécommande et zappe fébrilement.

Je ne dis rien.

Lâcheté ?

Probablement.

Je ne crois pas être moins lâche que les cinquante pour cent de mâles qui constituent l'humanité.

Toutes les chaînes défilent à vive allure. Je ne bouge pas.

Mon petit camarade de jeu repose la télécommande sur la table basse puis se lève en poussant un bruyant soupir.

Je reviens à mon documentaire.

- Elle est à toi la télé ?

Cinq minutes ont dû s'écouler. Il est assis à côté de moi et nous tenons le même dialogue débile que tout à l'heure : Oui, c'est ça. Elle est à moi. Je l'ai payée avec mes sous et tout le bordel.

Zapping furieux et incohérent. Est-ce que par hasard il ne chercherait pas à me provoquer ?

Sur l'écran, les cyclistes transpirent avec une coquette retenue. Les koalas copulent de même.

Le même cirque recommence une troisième fois. Une quatrième.

Cinquième passage :

-Elle est à toi ?

-Oui elle est à moi. Non, elle n'est pas à moi. Je m'en cogne. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle à tarte. Plus un corps est moins lourd moins il tombe plus vite. Il faut abattre mon frère quand il est encore chaud. Tant va la cruche à l'eau de vaisselle qu'à la fin elle se casse-noisettes. Dis, t'as vu Monte-Carlo ? Non, j'ai vu monter personne !

Je dis plus ou moins n'importe quoi sans lui laisser le temps d'en placer une pour ne pas recommencer le petit jeu des questions réponses. La télécommande, que j'avais reposée, est entre ses doigts qu'agitent en permanence des nerfs qu'il ne contrôle que très mal.

Il ne dit rien.

Il ne zappe pas.

Un instant, il doit se demander si c'est moi qui débloque ou son propre cerveau qui lui fait des niches.

Nouveau soupir dégoûté et profond.

Il se lève et s'approche de la porte puis se retourne pour m'observer un moment.

- Au revoir, Monsieur le petit instituteur !

- Au revoir, Monsieur le grand ingénieur !

Quel abruti !

C'est pourtant vrai, bordel de dieu ! Je suis un instituteur bien petit et qui n'a pas une très haute opinion de sa personne.

Passons à autre chose.

A l'écran, une blonde énamourée roule un patin de concours à un koala moulé dans du nylon fluo

Il faudra que je recommande vivement la série à mes enfants car elle vaut vraiment son pesant de crottes de nez.

 

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Publié dans Litterature

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