Quel beau dimanche !

Publié le par bienvenuechezlesfous

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        Sunday Morning.

Il fait froid dans l'immense réfectoire. J'y suis à peine depuis quelques minutes.

Levé trop tôt par erreur car, je l'apprendrai  plus tard, nous sommes dimanche et le départ de la course est retardé d'une demi-heure ces jours-là pour que chacun puisse jouir sans entrave d'une grasse matinée chronométrée.

J'ai tourné en rond. Cherché le veilleur déjà parti ou l'infirmier pas encore las. Personne. Serais-je seul sur le bateau ?

J'ai peur.

Tout le monde est-il mort ?

Toutes les portes sont fermées mais il me semble à peine entendre quelque bruit derrière celle qui porte une petite pancarte de plastique marquée "Office".

Que faire ?

Qui est à l'intérieur ?

Dois-je frapper ?

Dois-je me signaler ?

Puis-je frapper ?

Cela est-il autorisé ?

Est-ce l'usage ?

Est-ce que j'outrepasserais mes droits et que se passerait-il alors ?

La cale, les fers, les sangles de cuir sur la planche de bois ?

Allons donc sûrement pas. Il faut en faire beaucoup plus.

Je m'assieds et m'enfonce dans l'un des fauteuils trop mous placés en ligne face à l'écran de télévision vide.

Je regarde la télé.

Ai-je le droit de l'allumer ?

Je n'ai jamais été le premier à appuyer sur le bouton. D'habitude, lorsque j'arrive, des images souvent muettes défilent derrière le hublot rectangulaire. Tôt le matin, personne n'oserait pousser trop fort le son, alors pourquoi ne pas s'en passer complètement ?

Je suis assis, les genoux serrés, les mains agrippées aux accoudoirs, comme celles d'un naufragé à une bouée. Il faut pourtant que quelqu'un finisse par arriver avant que je ne sombre. J'ai peur de me noyer. J'entends un bruit derrière moi. La porte portant la petite pancarte de plastique marquée office s'est peut-être ouverte. Une prière : Faites que ce soit cela mon Dieu. Faites qu'en sorte une blouse blanche au sourire professionnel et rassurant. Faites que je ne sois plus totalement seul.

Je tourne la tête lentement et lève un regard craintif pour essayer de voir.

Je ne vois rien.

Il va falloir que je me lève pour savoir.

Il n'y a plus le moindre bruit.

Il va falloir que je me lève.

Je me lève lentement pour savoir s'il y a quelqu'un dans l'office.

Lorsque j'y arrive, il est vide et je ne saurai jamais qui a ouvert la porte ce dimanche matin.

 

 

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Publié dans Litterature

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