On y va
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Il fait assez froid mais les flaques d'eau ont dégelé.
Le soleil brille comme il ne l'avait plus fait depuis plusieurs semaines et le vent ne se fait plus que très discrètement sentir. Il est environ deux heures de l'après midi. J'ai pris tout à l'heure dans ne grand réfectoire mon dernier repas avec notre petit groupe d'agités du bocal.
J'ai essuyé consciencieusement ma dernière vaisselle avant d'aller lire dans ma chambre. Je porte une tenue civile : Un pantalon de survêtement gris serré aux chevilles par un élastique, un T shirt bleu marine légèrement côtelé et la robe de chambre du club avec ses carreaux écossais et ses boutons pression qui résistent si bien aux coups de colère destructeurs.
Je suis étendu sur mon lit, plongé dans le récit coloré d'une chasse à l'antilope quelque part dans les Cévennes à l'extrême fin de la dernière grande glaciation.
Un homme, vêtu d'un pantalon et d'une veste de peau, s'avance courbé en deux dans les herbes hautes d'une savane sans fin. Derrière lui, à plusieurs dizaines de pas, d'autres hommes l'observent avec l'attention propre aux chasseurs sur le qui-vive.
Plus en avant de lui cette fois, une autre silhouette moins massive progresse avec des pas de danseuse. Elle tient à la main une longue et fine lance. Des cheveux couleur de lin descendent sur ses épaules en une cascade silencieuse. C'est une femme.
Trois petits coups discrets résonnent à mes oreilles. Je pose mon livre sur mon ventre en y maintenant un doigt afin de ne pas perdre ma page. Une fine petite silhouette se découpe dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux bruns coulent sur ses épaules en une cascade silencieuse. Deux yeux sombres éclairent son visage de fillette fragile et déterminée. Son sourire me traverse le cœur comme une lance. C'est ma femme.
Elle vient me chercher.
Je me lève avec lenteur et pose mes lèvres sur les siennes tandis qu'elle me prend dans ses bras.
- On y va ?
- On y va.
Rassembler toutes mes affaires dans une petite valise de toile rouge.
Vérifier le contenu de la table de nuit afin de n'y rien oublier. S'y trouve une multitude d'objets soigneusement rangés dans de petits sacs en plastique du type de ceux que l'on distribue aux caisses des grands magasins. J'y ai serré mon nécessaire à mots croisés : gomme, porte-mine et bien sûr, recueil de grilles largement inachevé. Mon matériel de toilette : rasoir, brosse à dents, gant, serviette et un petit bouquet de cure-dents en bois tenus serrés par un élastique. Des sous-vêtements propres et des chaussettes.
Vider la penderie : Des pulls, une veste de laine.
Il y a aussi des livres sur la table de nuit, un petit calendrier et une feuille de papier pliée en deux avec, à l'intérieur, quelques mots au crayon à papier hâtivement tracés mais auxquels j'accorde beaucoup de valeur.
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