Miroir magique...

Publié le par bienvenuechezlesfous

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        J'ouvre le dernier sachet dont l'intérieur humide m'indique que je ne suis plus trop loin de l'objet de ma quête. Gagné ! Une brosse à dents à côté d'un étui noir de forme rectangulaire ou je serre mon rasoir électrique. Je prends l'étui et je vais m'installer devant le petit miroir mural qui se trouve au-dessus du lavabo.

- Miroir mon beau miroir, qui est le plus nul de royaume ?

- Vous êtes sans conteste le plus nul du royaume, et même ce gros benêt de Simplet qui confond toujours sa bitte et son couteau est encore mille fois moins nul que vous.

Merci miroir magique. Il est réconfortant de savoir que les génies disent toujours la vérité.

J'ouvre l'étui et en sors l'appareil. J'y adapte le fil d'alimentation secteur et me retrouve comme Simplet avec le rasoir dans une main et la prise dans l'autre.

Qu'est-ce que je dois faire de tout ça ? Pourquoi ai-je ce truc entre les mains ?

Bon, c'est un rasoir et je dois vouloir me raser mais à quoi cela va-t-il me servir puisque je l'ai déjà fait ce matin.

Nouveau coup d'œil au miroir.

- Miroir magique, toi qui dit toujours la vérité, dis-moi si je me suis déjà rasé ce matin ?

- Vous êtes sans conteste le plus nul de tout le royaume et même ce gros benêt de Simplet qui confond toujours son slip avec ses petits beurres est encore mille fois moins nul que vous. Donc, et malgré tout le respect dont savent toujours faire montre les génies du miroir, je tiens à vous dire que vous êtes vraiment le dernier parmi les plus mauvais et qu'il suffirait de vous observer cinq secondes devant un miroir en solde de la Foirfouille pour que vous puissiez voir que vous avez vraiment une sale gueule de déterré qui ne s'est plus rasé depuis quatre ou cinq jours. En fait, pour répondre à des questions existentielles de ce niveau, vous n'avez pas du tout  besoin de moi. J'ajouterai quand même, par pure bonté d'âme, que la prise de courant se trouve à l'extrémité du néon, côté droit. Après quoi je me tire parce qu’avec vos conneries, je vais finir par déprimer et que c'est très mauvais pour mon tain. Salut !

En haut à droite. Oui, c'est vrai. J'avais oublié mais c'est pareil que dans la chambre à trois. Je branche l'appareil. Contact. Vibrations familières de l'outil au creux de la paume. Allez ! On attaque. Le cou d'abord. ça pique, ça tire, ça chauffe. Je n'aime pas les rasoirs électriques. Pourquoi n'ai-je pas le droit d'utiliser un modèle mécanique avec de jolies petites lames justement tranchantes comme des lames de rasoir ?

Je continue : Les joues, le menton, le dessous du nez. ça brûle encore. J'ai du repasser trop de fois au même endroit et ça provoque des irritations. Je continue encore. Bon, ça va, c'est fini. Je coupe le contact, je débranche l'appareil. Il me reste le fil électrique que je plie soigneusement le plus petit possible avant de le bourrer dans le logement d'où je l'ai sorti, il y a quelques instants. Je referme la boite ou du moins je voudrais bien la fermer, mais elle n'y met aucune bonne volonté. ça coince ! Ça ne ferme pas, et merde !

Je le ressors, je le replie, je le rerange et ça recoince.

Je le ressors, je le replie, je le rerange et ça coince une nouvelle fois.

Ne pas s'énerver.

Se calmer.

Il y était tout à l'heure, ce fichu fil électrique, alors je dois pouvoir l'y remettre.

Encore une tentative.

Je déroule entièrement le fil puis le détords avec méthode et application. Je l'enroule bien serré autour de ma main gauche puis l'en retire péniblement pour le serrer au moyen d'un petit élastique plat et noir qui doit maintenir la petite pelote enroulée sur elle-même. Je la cale à nouveau dans son étroit logement puis essaie de rabattre le couvercle de ma boite.

Un clic.

ça alors, j'ai réussi ! Je range l'étui dans le sachet plastique et reporte le tout dans la table de nuit assez fier d'avoir réussi à venir à bout de ma petite entreprise alors que je connais un tel état de crise.

Je retourne devant le miroir pour me passer un peu d'eau fraîche sur la peau brûlante. Cela devrait me faire du bien.

Effectivement, ça marche.

ça marche, sauf que je me rends compte maintenant que j'ai totalement oublié de raser la partie gauche de mon visage. Toute la partie gauche, la joue, le cou, sont couverts de chicots de poils noirs. Par contre, le menton a bien été rasé dans son intégralité.

Joli coup, pépère ! Tu peux en effet être fier de toi. Rouge comme tu as la couenne du côté droit, il est à peu près évident que tu es passé quasiment tout le temps aux mêmes  endroits ! Tu as réussi la notable performance de te tondre deux fois du même côté.

Et tu voudrais qu'on te laisse sortir ?

Oui. Je veux foutre le camp d'ici.

Je retourne à la table de nuit. J'en ré-extrais tous mes sacs plastiques avant de retrouver le bon. Je reprends le rasoir que je rebranche pour finir le boulot inachevé en me traitant mentalement de crétin et d'incapable.

La joue gauche cette fois. Ne te goure pas. La joue gauche et le cou qui se trouve en dessous.

Voilà, ça n'a pas l'air trop mal. Le résultat n'est pas aussi bon qu'avec un rasoir mécanique mais il est néanmoins acceptable. Je nettoie la tête de rasage que j'avais délaissée tout à l'heure puis range une nouvelle fois l'objet dans son logement pour recommencer à me battre avec le fil électrique qui m'empêche encore de rabattre totalement le couvercle.

1er essai : Ne pas forcer ou je vais éclater la charnière.

2ème essai : Rien à faire, ça ne ferme toujours pas.

3ème essai : Encore pire que le précédent.

4ème essai : J'ai bien enroulé le fil. Je l'ai serré avec son élastique. Si cela ne marche pas cette fois, j'abandonne.

Je place le fil à côté du rasoir et claque fermement le couvercle qui se referme enfin parfaitement mais en a profité au passage pour me pincer salement un morceau de peau.

La vache, ça fait bigrement mal !

Je remets le tout dans le sachet et le sachet dans la table de nuit.

J'ai fini.

Je repars sur la piste.

Je suis énervé.

Il faut que je me calme.

 

 

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Publié dans Litterature

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